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ART + TERRITOIRE | CLAIRE-MARINE BEHA_SOUS LA FIBRE

Dernière mise à jour : 11 mai 2023

LE CYCLE INSPIRANT DE LA NATURE

LIGNE 07 | ART | NOVEMBRE 2022

Texte | Claire-Marine Beha

Photos | Karine Locatelli + Josiane Lanthier + Stéphanie Robert + Jeanne Rondeau-Ducharme + Sylvain Granier

 
 

La mort et la renaissance incessante de la nature inspirent l’être humain et engendrent des émotions vives depuis toujours. C’est le paysage local qui les fascine et devient leur principale muse : plein phare sur trois artistes visuelles qui interprètent les reliefs, les végétaux, les forêts et les littoraux du Québec à l’aide de la peinture et du dessin. Leurs œuvres nous incitent à contempler les espaces naturels, à ressentir toute leur puissance, à cultiver notre curiosité et à les préserver.

 

KARINE LOCATELLI


Dans les œuvres de Karine Locatelli, qui vit et travaille aux Éboulements, la vie végétale et les massifs se dévoilent dans leurs plus captivants détails. L’artiste dessine principalement à l’encre de Chine appliquée à la plume sur des toiles brutes de coton ou de lin. La répétition de traits fins revêt une place omniprésente dans son travail et traduit le rapport sensible et poétique qu’entretient l’artiste avec la nature.

« C’est en passant beaucoup de temps en forêt et à la campagne dès mon enfance que la nature m’est apparue comme une nécessité. La représenter est pour moi un besoin absolu, explique-t-elle. J’admire aussi la flore boréale, sa délicatesse, sa beauté, sa force, alors qu’elle croît dans un environnement aride. Côtoyer ces plantes m’inspire et j’aspire à avoir leur résilience dans ma propre vie d’artiste. »


Les bribes de paysages qu’elle crée parviennent avec une simplicité désarmante à nous bercer – on y sent les odeurs, les sensations et la robustesse sauvage de la forêt et du fleuve. On se perd avec joie entre les nombreuses lignes sinueuses qui se dévoilent plus on les observe. On peut presque palper la dureté de la roche, sentir les épines sous nos pieds, observer le mouvement du vent sur les feuilles...

Karine Locatelli ne fait pas que témoigner de la singularité de la nature locale, elle vit également sa nordicité en harmonie avec les saisons, et non malgré elles. Tandis que durant le printemps, l’été et l’automne, elle passe beaucoup de temps à l’extérieur pour pratiquer des activités en plein air qui l’inspirent et la nourrissent – randonnée, cueillette, vélo, pêche, photographie, dessin, etc. – l’hiver, elle « s’encabane » davantage et trouve le calme hivernal particulièrement propice à la réalisation de grands formats des paysages observés.




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JOSIANE LANTHIER


C’est lors de la pandémie que l’artiste peintre a quitté Montréal pour Baie-Saint-Paul, un changement radical et salvateur. Elle l’assume, Josiane Lanthier se sent au meilleur d’elle-même entre fleuve et montagnes, rivières et champs. «J’entretiens un lien profond avec le territoire charlevoisien au quotidien. Tous les dimanches, je vais au marché fermier, je marche et je reviens avec mes gros sacs remplis de légumes multicolores et si beaux. Je vais souvent voir les maraîchers présents et je les remercie de nous nourrir. Le maraîcher et l’artiste se ressemblent beaucoup : ils doivent faire preuve de patience et de lenteur, ils sont constants et essentiels. »



Pas étonnant que Josiane Lanthier porte une attention particulière aux couleurs qui jalonnent son quotidien, puisque l’artiste se démarque par ses tableaux ultrapigmentés et pittoresques, où le paysage nous paraît à la fois familier et tout droit sorti d’un rêve intense.


« Je m’intéresse à la couleur avant tout. Ce qui m’inspire le plus ce sont les teintes et les textures présentes dans la nature. J’aime identifier et reconnaître les plantes, les champignons, les algues, les oiseaux, les animaux de la ferme. J’aime connaître ce qui m’entoure », relève l’artiste, enthousiaste à l’idée d’avoir encore de nombreux végétaux et animaux à découvrir.



Si c’est parfois le coloris attrayant d’un fruit qui l’inspire, l’artiste est également très sensible aux jeux de lumière et à leurs effets sur la géographie environnante. De plus, le coucher du soleil demeure son moment préféré.«J’aime les montagnes de Charlevoix rendues lilas dans le ciel orangé, rose et fluorescent. J’aime aussi les textures que font les vagues à la marée basse, les roches sur les montagnes remplies de lichen orangé, les forêts de bouleaux à la fin de la journée qui deviennent bleu pâle, et j’aime particulièrement voir le vert dans le ciel à la tombée du jour. »

En collectionnant toutes les subtilités des couleurs de la nature, la peintre se permet l’émerveillement et leur rend hommage en peinture.



Sur Instagram @josiane_lanthier


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STÉPHANIE ROBERT


Ré-enchanter notre rapport au territoire : telle est la mission que poursuit Stéphanie Robert en donnant vie à des tableaux fascinants. Ses œuvres font converger abstraction et figuration, avec délicatesse. Les oies des neiges, très présentes dans sa création, semblent nous guider vers des formes évocatrices des éléments naturels, sans pour autant contraindre notre imaginaire.


« J’ai toujours ressenti l’urgence de vivre la nature et de la sauver, carrément. C’est l’enjeu qui m’est le plus cher et ça transperce certainement tout ce que je m’applique à créer », confie l’artiste qui s’inspire de la complexité du territoire, mais aussi de la résilience des vivants. « Je m’incline devant l’adaptation dont font preuve les plantes, les arbres, les animaux et les insectes. »



Sur le plan esthétique, l’artiste est une fervente admiratrice des quatre saisons très marquées du Québec et des multiples variations de couleurs, de textures et d’ambiances qu’elles engendrent. Celle qui réside à Cacouna essaie de s’ancrer le plus possible dans la nature environnante ; elle a même pris la décision de s’initier à l’ornithologie et à la cueillette de plantes et de champignons sauvages comestibles. Insatiable, l’artiste recherche l’équilibre entre l’envie viscérale de jouer dehors et le repli parfois nécessaire à la pratique artistique.

Les monadnocks la fascinent particulièrement et lui insufflent de nombreuses idées pour son art. « Ce sont des massifs secs où s’érige une végétation nordique. Près de chez moi, je côtoie également la forêt boréale qui se marie parfois avec des zones de toundra, le fleuve majestueux qui borde le Bouclier canadien en face, puis quelques petits morceaux de terres agricoles en foin. En fait, il y a une variété de paysages et de perspectives qui m’inspirent la création à tout coup. »



Sur Instagram @stephanierobert_art

 

CLAIRE-MARIE BEHA_SOUS LA FIBRE


Claire-Marine Beha est journaliste. Au fil des ans, elle a notamment écrit pour la Gazette des femmes, le Journal Métro, Urbania, Fubiz et Index-Design. Passionnée d’art, de culture et de design, elle fondait en janvier 2020 le fascinant balado Sous la fibre, qu’elle anime et réalise, et qui donne la parole aux artistes visuels. Dans chaque « audio-portrait », Sous la fibre invite un artiste visuel à partager ce qui se cache derrière ses toiles, ses photos, ses dessins, ses sculptures... Sous la fibre et Ligne développeront cette année une nouvelle collaboration. Les deux médias s’étant trouvé des atomes crochus, mais surtout une mission commune de démocratiser l’art, ils ont décidé de s’allier, ça allait de soi. Claire-Marine signera donc au fil des mois quelques textes sur le site web de Ligne et dans ses prochains numéros.


Sur Instagram @souslafibre

Sur Facebook @souslafibre


 











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