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KARINE FRÉCHETTE

HORIZONS PSYCHÉDÉLIQUES

LIGNE 08 | ART | ÉTÉ 2023

Texte | Claire-Marine Beha

Photos | Blouin Division + Catherine Boisvenue Ménard

 
 

Sa peinture à fort caractère hallucinatoire est empreinte de mouvements, de pulsations et brouille les pistes entre activité organique et imagerie technologique. L’artiste montréalaise Karine Fréchette, représentée par la galerie Blouin Division, ne cesse de nous surprendre avec ses oscillations poétiques qui présentent des affinités avec le courant du Op art (optical art) du 20e siècle.


Bien que ses toiles soient en deux dimensions, l’effervescence de son art non figuratif nous offre une expérience complexe et cinématique. Dans son travail, on peut déceler des vibrations, des formes qui nous rappellent les éléments naturels : eau, air, mouvement sismique, électricité, etc. Difficile de ne pas se sentir enivré par son impressionnante maîtrise de cet effet dynamique !


« Mes gestes picturaux tissent patiemment des réseaux de motifs, dont le labeur aboutit à des œuvres qui semblent issues de l’écran. Ces allusions à l’immédiateté, à la volatilité d’ondes impalpables sont presque toutes exécutées au pinceau, à l’acrylique », confie l’artiste qui s’exécute paradoxalement dans la lenteur.

Sa pratique est influencée par tous les flux qui affectent nos sens : du cycle de la lumière aux télécommunications en passant par l’étude météorologique, ce sont ces éléments souvent à peine perceptibles pour l’humain qu’elle représente grâce à des couleurs de plus en plus saturées, une preuve de sa fascination pour le langage scientifique.


«J’essaie de donner corps à des couleurs irréelles, d’en extraire des sensations optiques, oscillatoires, indique l’artiste. Je tente d’engager une conversation entre l’objet statique, vecteur de mémoire de la peinture et la mouvance évanescente des télécommunications. »

Sa récente série, Reflecting Pools, a débuté par une curiosité pour les réflexions solaires sur l’eau qu’elle a documentées en photo. Cependant, c’est la distorsion picturale de cette illusion qui intéresse la peintre. Ainsi, elle nous permet d’admirer des réverbérations et d’en rechercher la source, sans toutefois réussir à fixer notre attention sur un point en particulier. En effet, le mouvement incessant engendré par les formes abstraites qu’elle élabore laisse place à une expérience contemplative presque obsédante.



« J’ai intégré à quelques tableaux la répétition d’une même ligne, reproduite par décalage jusqu’à obtenir des traînées. Exécutés à l’aérographe à l’aide d’un pochoir, ces tracés s’inspirent librement d’études d’ombres générées par le soleil matinal », commente-t-elle en prenant pour exemple son œuvre Shadow Recorder.

Même si on peut y deviner un parallèle avec des images créées numériquement, de plus en plus populaires à l’ère où l’intelligence artificielle s’improvise artiste, cette influence n’est pas directe. Karine Fréchette désire avant tout interpréter notre dépendance au mouvement – et notre désir de comprendre les ondes qui nous entourent.


L’artiste réalise ses tableaux à saveur futuriste généralement sans faire de dessin préalable et se laisse plutôt guider par la spontanéité : un fait qui ajoute à la sensation de vertige que l’on peut ressentir face à sa peinture ! Dans les 10 dernières années, Karine Fréchette a accumulé les expositions à travers la métropole et elle boucle cette année une résidence de quatre ans à la Fonderie Darling, une expérience grâce à laquelle elle s’est sentie épaulée dans ses derniers projets. En 2022, ses œuvres ont été présentées lors de l’exposition Les illusions sont réelles du Musée national des beaux-arts de Québec, institution qui a également intégré son travail à sa collection.



 

Sur Instagram @frechettekarine

 


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