PUREMENT SAUVAGE
LIGNE 01 | ARCHITECTURE | NOVEMBRE 2021
Images | Adrien Williams
Texte | Paul Bernier Architecte + Dave Richard
Localisation | Estérel, Qc
Type de projet | Construction neuve
Réalisation | 2014
Au cœur d’une région sauvage, une maison à la forme sinueuse recouverte d’une seule matière - des lattes verticales de cèdre, posées en claire-voie - s’allonge comme un ruisseau vers le lac avoisinant.
Les clients de l'architecte Paul Bernier possédaient un terrain totalement boisé, traversé par un ruisseau et en bordure de lac depuis plusieurs années; ils l'appréciaient et le connaissaient bien. Ils souhaitaient qu'on y construise une maison durable et harmonieusement intégrée au site, qui en préserverait la topographie, la végétation et l'aspect naturel. Une colline occupant la portion sud de la propriété, la nature du terrain suggérait une implantation en long, imposée par le ruisseau du côté nord duquel il ne fallait pas trop s'approcher et par la pente abrupte de la colline du côté sud. La maison devait se glisser entre les deux.
Les concepteurs ont donc imaginé un bâtiment au profils bas, principalement à un étage, dont la forme sinueuse est guidée par les opportunités offertes par la nature alentour, se pliant, s'ouvrant ou se resserrant, comme un rivière creuse son lit.
Cette forme étanche est recouverte uniquement de lattes de cèdres verticales de largeurs et d’épaisseurs variées, posées en claire-voie; ce type de pose permet, entre autres, d’éliminer de la vue tous les solins, larmiers et moulures que l’on retrouve normalement dans un revêtement de bois traditionnel. La surface se lit donc comme une palissade suivant la forme du bâtiment, dans laquelle on aurait découpé des ouvertures.
À l’approche de la maison, en montant le chemin d’accès, on perçoit un volume plutôt opaque qui suit la pente du terrain. Le garage s’y dissimule. Puis à droite, la palissade s’entrouvre, invitant le visiteur à entrer.
Le long de la façade sud, le volume de la maison se plie et s’ouvre largement afin de laisser entrer la lumière et de profiter de la vue sur la forêt. En s’avançant plus loin, le volume se plie de nouveau afin de s’orienter vers une ouverture dans le boisé offrant une vue sur l’embouchure du ruisseau et le lac. À cette extrémité, la maison se détache du sol et devient en porte-à-faux au-dessus de la pente qui descend vers le lac.
Du côté nord, de plus petites ouvertures sont pratiquées, révélant, à l'intérieur, de superbes tableaux sauvages et permettant de profiter du doux bruit du ruisseau. Sur le toit, une petite pièce a été déposée, comme un poste d’observation entouré de verdure - une cabane dans les arbres.
Avec le temps, les lattes de cèdres du recouvrement grisonneront; la forêt et les couvre-sols se régénéreront aux abords du bâtiment, la végétation garnira le toit vert, mariant ainsi architecture et nature. Ainsi, vu à partir de la pièce juchée sur le toit, ou encore à partir de la colline, le bâtiment se fondera dans la nature.
Dès l’entrée, un grand meuble en bois de caryer (hickory) accueille les arrivants. Sa forme offre un endroit où s’asseoir et du rangement. C'est aussi elle qui montre le chemin vers l’aire de vie, un grand espace lumineux qui culmine à son extrémité par une pièce grillagée en porte-à-faux avec vue sur l’embouchure du ruisseau et sur le lac.
Sur le côté sud, le mur extérieur disparaît et devient une grande surface vitrée s’ouvrant sur la forêt. En été, les arbres créent un écran naturel protégeant la maison de la surchauffe. En hiver, lorsque les feuilles sont tombées, la lumière du soleil peut filtrer à travers la forêt jusqu’à l’intérieur de la maison pour l’éclairer et la réchauffer.
Le grand espace ouvert est habité de trois massifs de bois. Ceux-ci sont disposés sur un axe qui attire le regard et invite à traverser la séquence des espaces de l’aire de vie. Ces trois pièces massives de mobilier intégré - le meuble de l’entrée, l’ilot de la cuisine et un meuble pour intégrer la télé et le système audio - sont tous fait de caryer. Leurs fonctions sont très peu lisibles, afin de les rendre les plus abstraites possible pour ne mettre en valeur que leur forme, leur matière et le rapport entre elle. De l’îlot, en plein centre de l’espace, on cuisine avec une vue panoramique sur la nature.
Le meuble de l’entrée joue aussi le rôle de mur écran, protégeant la zone plus privée de la maison. On glisse derrière ce massif de bois pour accéder aux chambres et à un escalier qui mène à la salle de lecture posée sur le toit vert. Une fois en haut, on découvre un espace tout lambrissé de bois, tranquille, à l’écart du reste de la maison.
Autrement, les surfaces sont toutes recouvertes de matières simples; des murs blancs et un plancher de béton poli contrastent avec la nature environnante.
Impressionnante, poétique et unique, cette maison de rêve semble atterrie au milieu des bois, ou encore surgie du sol. Ultramoderne et parfaitement organique, la maison du Lac Grenier se conjuguera de mieux en mieux à son environnement avec le temps, à mesure que la nature la fera sienne.
Équipe de conception | Paul Bernier + Anick Thibeault
Structure | Calculatec inc. [Alain Mousseau]
Entrepreneur général | Léonald Goyette entrepreneur général
PAUL BERNIER ARCHITECTE
4755, rue Pontiac
Montréal (Qc)
H2J 2T4
T. 514 303-3001
Sur Instagram @paulbernierarchitecte
Sur Facebook @paulbernierarch
Consultez la fiche complète de PAUL BERNIER ARCHITECTE
dans notre répertoire.
Comments