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Photo du rédacteurMagazine Ligne

MAISON KOYA | ALAIN CARLE ARCHITECTE

Dernière mise à jour : 22 mai 2022

PERMANENCE SUBURBAINE

LIGNE 02 | ARCHITECTURE | ÉTÉ 2020

Texte | Dave Richard

Photos | Raphaël Thibodeau

 
 

Localisation | Saint-Sauveur, Qc

Type de projet | Construction neuve

Réalisation | 2019 Superficie | 7500 pi2 / 696 m2

Budget approximatif | Confidentiel


Aux abords de la ville de Saint-Sauveur, dans les Laurentides, sur un site faisant partie d’un développement immobilier, des propriétaires ont fait le pari de construire une maison où trois générations pourraient cohabiter harmonieusement. Ils ont donc fait appel à l’architecte Alain Carle, qui a créé pour eux un lieu remettant en question les normes urbanistiques établies tout en les contournant et en s’intégrant élégamment au contexte environnant.



Le site se trouvant en zone montagneuse de deuxième périphérie de Montréal, les clients souhaitaient s’y établir afin de combiner un mode de vie en nature et les commodités d’une petite ville de région. Ils désiraient aussi construire une résidence intergénérationnelle. Cette idée constituant l’essence même du projet, les recherches de l’architecte et de son équipe se sont concentrées sur le rapport au temps, présent – les clients voulaient que leurs enfants et les grands-parents puissent profiter pleinement de la maison – et futur – celle-ci devrait subvenir aux besoins éventuels de la famille et anticiper le déplacement de chacun de ses membres dans l’espace au fil du temps. Ce sont d’ailleurs ces recherches qui ont dicté la morphologie du projet, qui distingue de façon matérielle les éléments plus permanents de la résidence, en béton, et ses composantes plus éphémères, en bois. L’idée d’intemporalité a aussi structuré son mode d’implantation, lié aux caractéristiques topographiques, plutôt qu’à la logique des demeures unifamiliales en rangée, typique des banlieues.



À l’image d’un bas-relief sculptural, les principaux axes de circulation sur le site deviennent les deux axes de composition de l’ensemble. Différents murs de soutènement en béton, plateaux et escaliers transitionnels restructurent le site de façon déterminante pour la suite des choses. Des forages profonds de géothermie « ancrent » la composition dans la pérennité et adressent les enjeux énergétiques actuels sur un plan métaphorique, plutôt que strictement technique.



Trois volumes de bois sont déposés en apparence sur cette nouvelle topographie minérale et logent la part « changeante » de la maison. Ces volumes sont installés en porte-à-faux des ouvrages de béton, en situation instable, et pointent respectivement dans des directions opposées. Le bâtiment qui en résulte se distingue donc catégoriquement des compositions conventionnelles des résidences de banlieue, qui tirent souvent simplement profit des façades avant et arrière, au détriment des façades latérales. La Maison Koya cherche plutôt à établir un rapport avec le site dans son ensemble.

« En tenant compte du site au sens large, nous établissons une posture critique par rapport à l’hégémonie des normes urbanistiques semblables d’une ville à l’autre, desquelles découlent au final des arrangements spatiaux uniformes qui banalisent le rapport entre la vie et l’espace. »

La morphologie de la Maison Koya tente plutôt, au contraire, de profiter au maximum des différents points de vue naturels, sans égard à la structure des lots ou à une composante paysagère unique. D’ailleurs, ici, le panorama posait un problème intéressant.

« L’idée de privilégier un point de vue unique sur le paysage en observateur dominant semble un problème récurrent, en architecture, découlant d’une pensée faisant de l’édifice un objet ne tenant pas compte du réel tel qu’il s’offre, dans toute son ambiguïté et son impureté, et qui légitimise une approche stylistique, plutôt qu’une démarche basée sur l’altérité de la forme. »


Malgré le fait qu’il se définissait selon un tracé cadastral typique de banlieue, les composantes paysagères du site de la Maison Koya étaient véritablement singulières : un grand plan en pente douce, constituant un plateau intermédiaire entre deux pentes abruptes, l’une d’elles dégageant un point de vue panoramique sur le mont Saint-Sauveur. Plutôt que de mettre en valeur uniquement cet horizon spectaculaire, on a décidé de permettre au bâtiment de développer une relation plurielle avec son environnement et de multiplier les vues. Par le fait même, ses accès sont également multiples et ne comportent pas de hiérarchisation spécifique.


« Le lien avec le territoire en tant que source d’altérité, et non d’identité, est au cœur de notre pratique. » — Alain Carle, architecte


« L’idée n’est pas de travailler l’ambiguïté pour l’ambiguïté et d’en faire un style en soi, mais plutôt d’accepter que le réel peut se configurer à l’infini. »

En continuité avec le paysage, ceux-ci ont un rapport fluide avec les espaces intérieurs où le système de circulation est lui aussi indifférencié. Seul un espace central situé à l’intersection des trois constructions de bois constitue un lieu de convergence pour les trois générations. Il s’agit d’une certaine manière du « lieu de rencontre », sorte de place publique au cœur de la structure de béton. C’est le lieu fondateur, la permanence inscrite dans le mouvement.

Dans un contexte suburbain où il n’est souvent question que de répétition et de solitude, la Maison Koya innove et offre à ses propriétaires et à leur famille – toute leur famille – un cadre enchanteur où s’épanouir ensemble, mais chacun à sa façon, et pour longtemps. Son type d’usage ouvert promet la possibilité de reconfiguration à l’infini des espaces, au fil des besoins et des désirs de ses occupants, d’une génération à une autre.

Bien ancrée dans le présent, la Maison Koya regarde non seulement vers l’horizon, mais vers l’avenir.



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Portes + fenêtres | Alumilex

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ALAIN CARLE ARCHITECTE

3643, boul. Saint-Laurent, bureau 400

Montréal (Qc)

H2X 2V5

T. 514 989-1739, ext. 105



Sur Instagram @alaincarlearchitecte

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