top of page
Photo du rédacteurMagazine Ligne

MÉLINA SCHOENBORN

Dernière mise à jour : 24 mars 2023

POÉSIE D'ARGILE

LIGNE 05 | ART | AUTOMNE 2021

Texte | Lili-Ambre Guinet

Photos | Chantale Lecours

 
 

Partageant déjà son temps entre l’écriture et les communications dans le milieu culturel, Mélina Schoenborn crée des pièces d’argile rugueuses, aux parois à la fois délicates et granuleuses, aux arêtes organiques qui ressemblent parfois à d’imposantes coquilles d’oiseaux rares envolés, parfois à des artefacts d’un autre temps, avec leurs formes primitives, évidentes, et leurs couleurs simples, réconfortantes.


Après des études en histoire de l’art, puis en arts visuels, Mélina Schoenborn suit ses premiers cours de tournage, mais ce n’est qu’il y a cinq ans, à la suite d’un stage où elle découvre la technique du façonnage au colombin, qu’elle décide de se lancer pour de bon dans la pratique de la céramique.


« J’ai fait partie de la dernière cohorte du département des Arts plastiques de l’Université de Montréal, en 2000 ; un pavillon merveilleux, près du mont Royal, tout décati, mais lieu de moult expérimentations et discussions enflammées sur la fonction de l’art. Depuis mon stage auprès de la sculpteure et céramiste Virginie Besengez, en 2017, j’utilise principalement le façonnage au colombin. Je commence par rouler sous mes mains des dizaines de serpentins d’argile, que je pose ensuite les uns sur les autres pour former un bol ou un vase. Afin d’arriver à l’angle et à la courbe souhaités, je me sers simplement d’un petit outil en métal appelé estèque. Après, j’utilise une râpe pour affiner les parois. Ce processus n’est à aucun moment automatisé. Il n’y a que mes mains, une tournette manuelle sur laquelle je pose ma pièce, et deux outils. »

Quand on lui demande ce qui l’inspire, l’artiste mentionne son intérêt pour le wabi-sabi, un concept japonais qu’elle admire particulièrement et qui célèbre l’alliance entre la simplicité et le calme mélancolique de la nature, l’impact du temps, la trace qu’il laisse.



« Le wabi-sabi célèbre la beauté des choses imparfaites, éphémères et modestes. J’essaie de tendre vers une simplicité de fabrication qui laisse toute la place à la poésie des lignes, des formes et des empreintes du corps. »


D’apparence brute, mais pourtant fragiles, les pièces de Mélina Schoenborn racontent des histoires. Elles sont conçues comme des ensembles et dialoguent les unes avec les autres, se font écho, bien qu’elles puissent être vendues ou exposées séparément.


« Ce sont des variations sur un même thème, en terme de forme, de taille et de couleur. Depuis 2017, mes œuvres sont non fonctionnelles et relèvent plutôt de la sculpture. Elles sont sans glaçures et répondent à un désir de rendre hommage à la texture et au grain de l’argile. J’ajoute d’ailleurs de la chamotte dans toutes mes pièces, une sorte d’argile concassée qui ressemble à des grains de sable. Chaque œuvre requiert de nombreuses heures de fabrication. On peut donc parler de slow ceramic. »

En ce moment, toutefois, l’artiste développe une nouvelle collection de bols, glacés à l’intérieur. Bien que fonctionnelle, cette future collection est aussi inspirée du wabi-sabi.


« Je laisse plus de place aux intentions et aux mouvements naturels de la terre, j’essaie moins de la contraindre, de la contrôler. Une approche qui me fait plaisir, car elle permet une forme de lâcher prise. De plus, ces bols sont plus accessibles ; les gens ont moins peur de les manipuler. »

Le travail de celle qui a été finaliste l’an dernier au Prix François-Houdé du Conseil des arts de Montréal a été exposé à la galerie La Guilde, qui la représente depuis. Quelques-unes de ses pièces sont également présentées à la Maud & Mabel Gallery, à Londres. En septembre, Mélina Schoenborn participera à une exposition collective organisée par La Guilde où elle présentera une série de sept vases intitulée Chœur d’argile.



« Les formes de ces vases me font penser à des figures primitives, à la fois fragiles et rassurantes. Comme je pratique la méditation chantée en groupe, j’aime imaginer cet ensemble comme un chœur s’exprimant d’une seule voix – celle de la matière. Les particularités de chaque pièce me semblent mises en valeur lorsqu’on les voit comme un tout. »

Aucun doute, le travail de Mélina Schoenborn prend peu à peu une belle place dans le monde de la céramique, celui d’ici comme celui d’ailleurs.

Entendez-vous chanter l’argile ?



 

Sur Instagram @melina_schoenborn

Sur Facebook @melina-schoenborn

 

Comentários


bottom of page