RELIEFS ET LUMIÈRE
LIGNE 09 | ART | HIVER 2023
Texte | Claire-Marine Beha
Photos | Jean-Sébastien Trudel + Patrick Deslandes + Jean-François Roy
À la frontière entre design, architecture, sculpture et dessin se trouvent les pliages
géométriques de Jean-François Roy. L’artiste donne vie au papier et révèle toute sa force narrative à travers la relation qui se crée entre ses reliefs et la lumière.
Architecte de métier, Jean-François Roy se passionne pour les arts visuels depuis toujours. Ce sont ses recherches lors de sa maîtrise à l’École de design de l’UQAM, diplôme qu’il obtient en 2015, qui ont été l’élément déclencheur de sa carrière artistique. Il y avait alors amorcé son exploration des pliages géométriques et leur potentiel d’adaptation à l’échelle
architecturale.
« À l’époque, j’ai fait la rencontre de Joel Lemire, professeur d’architecture au MIT, qui est devenu un mentor. C’est lui qui m’a dirigé vers l’origami géométrique et qui m’a enseigné que l’origami est comme l’apprentissage d’un langage, et qu’éventuellement, on est capable de produire notre propre syntaxe, nos propres phrases. »
Depuis, en plus d’enseigner l’architecture, Jean-François Roy poursuit ses réflexions en réalisant des sculptures de toutes tailles, des bas-reliefs, des installations et des œuvres sur papier. En transformant une surface plane en forme tridimensionnelle, c’est toute une gamme d’émotions qu’il parvient à générer. Tel un bâtiment, la figure érigée se raconte à travers ses angles, ses répétitions, son abstraction, son interaction avec le contexte et nous captive parfois par sa symétrie, parfois au contraire par sa structure atypique et surprenante.
L’intérêt du pli réside dans le fait qu’il rend visible et tangible la manipulation de l’artiste. Pour ce dernier, il s’agit véritablement d’une forme de calligraphie géométrique capable d’engendrer un univers ayant sa propre logique.
« L’ondulation induite par le pli introduit une rythmique unique qui à son tour procure une variation lumineuse pleine de nuances, explique-t-il. Au fur et à mesure que j’approfondis ce langage, j’élargis mon répertoire et augmente mon vocabulaire. En le questionnant sans cesse, de nouvelles formes et compositions inusitées prennent vie sous mes yeux. »
C’est aussi la flexibilité de la matière qui plaît à Jean-François Roy. Capable de se mouvoir et d’évoluer au gré de la lumière de manière subtile, mais palpable, le papier « crée des œuvres dont le caractère invraisemblable révèle la tension inhérente entre force et fragilité », estime le sculpteur. Ainsi, dans son travail, le papier transcende son rôle de support pour devenir à la fois objet et sujet de création.
La matière, loin d’être inerte, réagit aux contraintes du pliage. C’est sans doute pour cela qu’une grande poésie émane de ses compositions a priori plutôt cartésiennes. Même ses sculptures monochromes les plus minimalistes possèdent une certaine complexité et un fort pouvoir d’attraction.
L’artiste ajoute parfois une dimension supplémentaire à ses œuvres en utilisant du papier sur lequel se trouvent du texte, des photos, des motifs, voire en brodant directement sur l’œuvre. Cette dernière technique est selon lui une manière de multiplier les niveaux de lecture grâce à la tension créée par la superposition des lignes de la broderie à celles des plis de la matière.
Des cartes géographiques ont également été utilisées pour certaines de ses œuvres récentes. « Je voulais transformer des territoires aux silhouettes familières, proposer en quelque sorte des univers parallèles où, par exemple, le Japon se décompose en triangles aléatoires, l’Arctique et l’Antarctique émergent en motifs astérisques et l’Amérique du Sud ondule le long de la cordillère des Andes, une profonde crevasse divise le Royaume-Uni, des pics vertigineux émergent de l’Atlantique et les pôles se décomposent en motifs
astérisques. »
Jean-François Roy confie qu’il accorde une attention particulière à l’organisation spatiale, allant parfois jusqu’à réaliser des maquettes de ses expositions pour s’assurer que l’expérience de visite soit harmonieuse. Son objectif ? Que les jeux de lumière qui se créent sur les sculptures offrent de nouvelles avenues d’interprétations.
Depuis deux ans, le sculpteur développe aussi son travail sur le pliage avec le métal. Depuis le 19 janvier et jusqu’au 24 mars 2024, son exposition Précaire équilibre au jardin présentée à la Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce – Botrel présente un corpus coloré d’œuvres en aluminium tridimensionnelles aux allures totémiques formant un jardin de sculptures atypiques.
Sur Instagram @monsieurjf_roy
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PRÉCAIRE ÉQUILIBRE AU JARDIN
À La Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce – Botrel
Du 19 janvier au 24 mars 2024
Entrée libre
MAISON DE LA CULTURE NOTRE-DAME-DE-GRÂCE – BOTREL
3755, rue Botrel
Montréal, Qc
H4A 3G8
Sur Instagram @maisonculturendg
Sur Facebook @maisoncultureNDG
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