OUI, JE CAN!
LIGNE 05 | QUELQUES LIGNES | AUTOMNE 2021
Texte | Élyse Gamache-Belisle [Collaboration spéciale]
Photos | Tuan Bob
Depuis plusieurs années, je rêve d’avoir MA maison dans le quartier Villeray, à Montréal, un quartier où j’habite depuis plus de la moitié de ma vie. Avec mes deux jeunes enfants, nous participons activement à la vie de notre quartier. Nous nettoyons les ruelles au printemps, nous achetons dans les commerces locaux, nous célébrons avec nos voisins de ruelle, nous aidons la voisine âgée, nous marchons jusqu’à l’école en saluant de nombreuses connaissances... Bref, nous y sommes « chez nous ».
Cependant, à cause de la flambée des prix de l’immobilier et de la surenchère actuelle, il est pratiquement impossible d’acheter une habitation à Villeray, ou même d’assurer notre avenir à Montréal. Bientôt, il ne sera même plus possible d’y louer un appartement, encore moins pour toutes les personnes issues de la diversité économique, sociale ou culturelle. Je crains que mon quartier se vide de ce qui le rend si unique : ses gens. Dans ce contexte, devrais-je abandonner mon rêve ? Jamais ! Je n’arrive pas à m’y résoudre... J’ai donc choisi de tenir tête à la situation.
Au printemps, j’ai décidé de me lancer dans un projet... de taille. Je me suis donné le défi d’amasser une somme de 115 000 $ en un an grâce à la consigne de cannettes et de bouteilles, montant qui me servira de mise de fonds pour l’achat d’une habitation dans Villeray. Yes, I can ! Oui, oui, je CANette ! Concrètement, je passe de 20 à 30 heures par semaine à consigner, et ce, sans négliger mes vies professionnelle et personnelle déjà bien remplies par mon « vrai » job, mes deux enfants et mes ami.es. Je ne veux pas quitter Villeray, est-ce que ça paraît ?
Au début, je doutais beaucoup de la possibilité d’atteindre mon objectif, mais, au moins, je faisais parler de la problématique d’accès à la propriété. C’était déjà une réussite et une façon d’aider les autres dans ma situation. Cependant, au fil des semaines, j’ai atteins 0,5 %,
1 %, 2 % de mon objectif et j’ai commencé à y croire réellement.
Le plus touchant, c’est que mon rêve est rapidement devenu un projet collectif. Mes ami.e.s, mes voisin.e.s et plusieurs inconnu.es se sont mis.es à déposer sous le balcon devant chez moi des quantités variables de canettes et de bouteilles. Certains me remettent même directement l’argent de leur consigne annuelle.
Évidemment, j’ai failli abandonner, car ce n’est pas reposant comme projet, mais les gens y croient, se mobilisent et contribuent. Leurs gestes, petits et grands, me touchent et m’énergisent. Ils me rappellent que les clichés ne sont pas des clichés pour rien : ensemble, tout est possible. Je ne serais pas rendue à 10 % de mon objectif sans eux et elles.
Quand je rêve au moment où j’habiterai chez moi grâce à tous les eorts personnels et collectifs déployés, des larmes de fierté et de reconnaissance me montent aux yeux. J’ai déjà hâte de mettre en valeur une canette sur la devanture de ma future habitation afin de ne jamais oublier tout le chemin parcouru pour réaliser mon rêve. Nos généreux.ses donateurs.trices, mes enfants et moi sommes en train d’écrire ensemble l’histoire de ma (future) maison, et c’est une belle histoire ! Vous aimeriez y ajouter quelques mots, vous
aussi ? C’est simple : déposez vos canettes et bouteilles sous le balcon du 7201, rue Boyer dans Villeray à Montréal et partagez la page Facebook de mon projet. Merci !
Élyse L’irréductible Villeroise
ÉLYSE GAMACHE-BELISLE
Sur Instagram @projetmisedefonds
Sur Facebook @projetMisedeFonds
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